
Pr Ali DOUMMA, Directeur des Programmes en charge des Comités Consultatifs Interafricains (CCI), des Concours d’Agrégation et de l’Ordre international des palmes académiques du CAMES (OIPA/CAMES).
Le CAMES vient de lancer la 46e session des CCI. La nouveauté de cette année est la mise en œuvre de l’édition révisée du Guide d’évaluation des enseignants-chercheurs et chercheurs (GEE-CC) 2024-2028.
1. Pouvez-vous nous décrire le processus de candidature aux CCI ?
Merci beaucoup pour l’occasion que m’offre « Lundi CAMES » de m’adresser aux différents acteurs intervenant dans le processus de candidature aux CCI. La première étape pour un candidat est de se rendre sur le site du CAMES pour télécharger le guide d’évaluation et les formulaires actualisés pour la 46e session des CCI. Il doit bien s’approprier ce guide d’évaluation des CCI et s’approcher des experts CTS de son institution pour bénéficier de l’encadrement nécessaire dans la constitution de son dossier. Je rappelle aux candidats que la préparation du dossier de candidature est un processus de longue haleine. N’est pas candidat qui veut, mais est candidat celui qui est prêt. Et pour cela, il faut du temps. La préparation du dossier commence dès le lendemain de son recrutement dans son institution ou de son inscription sur une liste d’aptitude du CAMES.
Sur la base des dispositions communes et des critères spécifiques du CTS dont il relève, le candidat constitue son dossier physique complet, dont un (1) exemplaire est déposé exclusivement et obligatoirement dans son institution, qui est le soumissionnaire de la candidature. La version numérisée (en format PDF) de ce dossier physique est mise en ligne sur la plateforme CCI du CAMES, ouverte du 15 décembre 2023 au 15 février 2024 à 23 h 59 GMT.
Une fois transmis, le dossier est ensuite examiné par la commission institutionnelle locale afin de vérifier sa conformité selon les normes du CAMES. À l’issue du processus d’examen des dossiers, la commission institutionnelle dresse et soumet au responsable de l’institution (Recteur/Président/Directeur Général) la liste définitive des dossiers conformes. Cette liste est validée ou ajustée, signée et transmise au CAMES par le responsable de l’institution, seul habilité à transmettre la liste au CAMES.
La validation de la candidature est notifiée au candidat par le CAMES par l’envoi d’un accusé de réception. Seuls les candidats dont les candidatures ont été validées par l’institution reçoivent les accusés de réception. J’insiste sur cet aspect, car il nous est arrivé à plusieurs reprises que des candidats, ne recevant pas d’accusé de réception, nous contactent pour les réclamer. Après vérification, on s’est toujours rendu compte que leurs noms ne figuraient pas sur les listes validées. Des situations comme celle-ci surviennent lorsque les candidats ne transmettent pas leurs dossiers à la commission institutionnelle locale. À cet effet, les commissions sont invitées à veiller à ce que tous les candidats de leur institution aient transmis leurs dossiers avant la fermeture de la plateforme.
C’est l’occasion pour moi de rassurer les candidats sur toutes les conditions de sécurité (confidentialité, disponibilité et intégrité) qui entourent le dossier. En effet, aucune personne physique ou entité institutionnelle n’est autorisée à ajouter, modifier ou supprimer un élément de la version en ligne du dossier de candidature, qui par ailleurs est en lecture seule. De plus, l’environnement numérique proposé garantit la confidentialité des échanges, mais le candidat porte la responsabilité de ses paramètres d’accès à la plateforme du CAMES.
Nous attirons également l’attention des responsables d’institution sur le respect du délai de traitement des dossiers et la transmission de la liste définitive des dossiers au CAMES, qui doit impérativement se faire entre le 16 février et le 1er mars 2024. Tout retard dans la transmission de la liste définitive aura des conséquences sur le délai donné aux rapporteurs pour évaluer les dossiers ou sur le lancement des travaux. Nous sollicitons la compréhension et la collaboration des responsables d’institution à cet effet.
2. Quelles sont les principales modifications apportées au guide d’évaluation des CCI ?
Le nouveau guide des CCI a pris en compte de nombreuses recommandations émises lors des différentes sessions des Comités Consultatifs Interafricains par les Comités Techniques Spécialisés (CTS), tout en répondant à l’objectif de notre institution d’adapter notre référentiel d’évaluation aux normes et standards internationaux. La version révisée du guide a augmenté certains critères existants (thèses et mémoires encadrés, production scientifique, etc.) et introduit de nouveaux critères (services rendus à la communauté, services à la société, exigence de communications scientifiques, etc.). Des mesures ont également été prises pour simplifier certaines formalités pour les candidats et les institutions.
De manière générale, les modifications majeures ont porté, entre autres, sur les points suivants :
- Exigence de deux (02) thèses dirigées ou quatre (04) thèses co-dirigées pour la LFPT/LAFDR (contre respectivement 01 et 02 dans l’ancienne version du guide). Le guide précise clairement les conditions de direction ou de co-direction de thèse, et nous invitons les candidats ainsi que les commissions institutionnelles à s’y conformer. Par exemple, la co-direction peut être admise en cas d’ouverture récente d’une école doctorale (page 20 du GEC/C).
- Exigence de quatre (4) mémoires de Master ou BAC + 5 pour la LAFMC/LAFMR (contre trois [3] dans l’ancienne version du guide). Les acteurs ont certainement remarqué que, pour les maîtres-assistants/chargés de recherche, seule la voie du co-encadrement est privilégiée par cette nouvelle version du guide. L’encadrement (seul) des mémoires Bac + 4 par les maîtres-assistants ou l’encadrement (seul) des mémoires BAC + 5 par les maîtres-assistants titulaires de HDR ne sont plus d’actualité.
- L’augmentation du nombre de publications, de fiches techniques, de documents de vulgarisation/valorisation exigés pour l’inscription sur les différentes listes d’aptitudes selon les CTS. Pour les publications, le guide prévoit d’étendre les exigences d’indexation aux CTS LSH, SJP et SEG à partir de la 47e session 2025 des CCI.
- Exigence de communications dans l’évaluation des enseignants-chercheurs et chercheurs (LAFMC/LAFMR/LAFPT/LAFDR). Précisons que pour la LAFMA/LAFCR, les communications ne peuvent être prises en compte que dans l’attribution de la cote. Pour cela, je demande aux candidats de se référer aux critères spécifiques, dans la mesure où les critères d’attribution de la cote sont définis par CTS et par grade, sauf évidemment pour LAFPT/LAFDR.
- La possibilité donnée aux responsables d’institution d’authentifier ou de certifier conformes tous les documents à caractère académique sur présentation des originaux, au même titre que les légalisations. Rappelons que les décrets et les arrêtés ministériels ne sont plus à légaliser.
- La possibilité donnée aux responsables d’institution de délivrer un acte faisant foi d’acte d’individualité des candidats en cas de discordance entre les noms et prénoms sur tout document figurant dans le dossier. Il faut rappeler que chaque année, des institutions écrivent au CAMES pour qu’on les autorise à délivrer cet acte en raison de la difficulté pour certains candidats de les avoir dans leurs pays.
- La possibilité donnée aux institutions de contrôler désormais la qualité des mémoires et thèses avec l’exigence d’un certificat de non-plagiat avec un taux de similitude inférieur à 20 % pour chaque thèse de doctorat et chaque mémoire BAC+5 soutenus à partir du 1er janvier 2022. Il faut souligner que les articles ne sont pas concernés par cette disposition. C’est l’occasion pour moi d’exhorter toutes les institutions de notre espace à se doter d’un logiciel anti-plagiat en vue de se conformer à cette exigence.
- Avec ce guide révisé, la promotion de la pédagogie universitaire dans nos institutions sera désormais renforcée, notamment avec l’exigence d’une Attestation de formation pédagogique, dispensée en présentiel ou intégrant les deux modalités. Nous attirons l’attention des responsables d’institution que cette attestation doit être délivrée par une université ou une institution spécialisée en formation pédagogique (ex. : Écoles Normales ou Facultés des Sciences de l’Éducation) à la suite d’une formation pour les candidats à la LAFMA.
- Il sera désormais exigé à chaque candidat de justifier son volume horaire statutaire en fournissant un Acte administratif indiquant la charge horaire en rapport avec son grade.
- Avec ce guide révisé, l’implication des enseignants-chercheurs et chercheurs dans la vie de leurs institutions et dans la vie de la société est valorisée avec la prise en compte des services rendus à la communauté universitaire pour les enseignants ou scientifique pour les chercheurs.
- Le formulaire des titres et travaux est désormais le même pour toutes les listes d’aptitude (de LAFMA/LAFCR à LAFPT/LAFDR) (formulaire unique) et subdivisé en quatre parties. La partie effort consenti pour impulser la recherche est désormais transférée au niveau de l’attestation des charges pédagogiques/institutionnelles et de recherche qui, par conséquent, a été aussi modifiée. En outre, les candidats sont invités à bien lire cette partie pour voir les modifications apportées au niveau des éléments à prendre en compte dans l’analyse des travaux.
Sans être exhaustif, voici quelques modifications majeures contenues dans le guide révisé. Il y en a d’autres que nous invitons les acteurs à découvrir en s’appropriant ce référentiel.
3. Comment ces changements vont-ils impacter la qualité de l’enseignement et de la recherche dans notre espace ?
L’un des objectifs visés à travers la révision du guide des CCI est d’adapter le référentiel d’évaluation des enseignants-chercheurs et chercheurs du CAMES aux normes et standards internationaux. Je pense qu’avec ces nouveaux critères d’évaluation, toutes les conditions permettant d’améliorer les aptitudes pédagogiques et les compétences scientifiques des enseignants-chercheurs et chercheurs de notre espace sont désormais réunies. De plus, l’implication des enseignants-chercheurs et chercheurs dans la vie de nos institutions ainsi que dans la vie de la société sera plus perceptible. Ce qui, sans nul doute, impactera positivement la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche dans l’espace commune.
4. Quels conseils donneriez-vous aux candidats pour les aider à constituer leurs dossiers de candidature en conformité avec les nouveaux critères ?
Je conseille vivement aux candidats de se familiariser pleinement avec cette nouvelle version du guide et de s’assurer d’utiliser les formulaires CAMES actualisés pour préparer leur dossier. Ils doivent également prendre en compte les observations et conseils des commissions institutionnelles établies à cet effet. En cas de difficultés, les services compétents du CAMES sont disponibles pour toute assistance. Deux adresses électroniques ont été créées pour toute assistance technique ou relative aux procédures :
5. Comment les universités peuvent-elles soutenir leurs enseignants-chercheurs dans ce processus ?
Les institutions d’enseignement supérieur et/ou de recherche doivent créer toutes les conditions nécessaires pour accompagner les enseignants-chercheurs et chercheurs dans ce processus. Cela peut inclure la mise en place d’une commission institutionnelle fonctionnelle conformément aux conditions fixées par le CAMES. De plus, ces institutions doivent veiller au renforcement des capacités de leur personnel dans la préparation des dossiers, notamment par l’organisation de sessions de formation.
6. Chaque année, le CAMES émet des recommandations à l’attention des différentes parties aux CCI. Pourquoi est-il important de respecter les recommandations du CAMES ?
Les CTS émettent chaque année des recommandations à l’attention des différents acteurs (candidats, institutions d’enseignement supérieur et de recherche, CAMES, etc.). Ces recommandations visent à améliorer la compréhension du guide et à aider les acteurs à mieux préparer les dossiers de candidature aux CCI. Elles peuvent être appliquées directement par les parties concernées lors des sessions suivantes. Les recommandations qui nécessitent des modifications substantielles du guide seront soumises aux instances du CAMES pour intégration dans une version révisée ou prises en compte dans le prochain processus de révision prévu dans cinq ans.
7. Quels messages clés souhaitez-vous transmettre aux candidats de la 46e session des CCI et aux membres des Commissions institutionnelles ?
Je tiens à souligner l’importance pour les candidats et les responsables des commissions de maîtriser les nouvelles dispositions du guide des CCI. Il est primordial de se référer exclusivement au guide des CCI pour toute question relative à l’évaluation des enseignants-chercheurs et chercheurs par le CAMES. De plus, je souhaite attirer l’attention des animateurs des commissions institutionnelles sur leurs responsabilités en ce qui concerne la qualité des dossiers des candidats de leurs institutions. Ils doivent savoir que toute insuffisance constatée au niveau du dossier transmis par un candidat ne sera plus uniquement imputable au candidat lui-même, mais également à la commission institutionnelle. Il est en effet fréquent d’entendre que la commission n’a pas correctement effectué son travail lorsque les membres des CTS se retrouvent face à des dossiers mal préparés.