La rédaction du Lundi CAMES a le plaisir de recevoir, pour ce numéro, le Professeur Saturnin ENZONGA YOCA, Directeur des Programmes chargé de l’Assurance Qualité, de la Recherche et du Partenariat au CAMES. Il nous entretient sur le Programme Reconnaissance et Équivalence des Diplômes (PRED) du CAMES, dont la 40ème Session a été lancée le 24 janvier 2025.

Pouvez-vous vous présenter succinctement à nos lecteurs ?
Je suis Saturnin ENZONGA YOCA, Professeur en Physique atomique à l’Université Marien N’Gouabi de Brazzaville (Congo), Directeur des Programmes CAMES chargé de l’Assurance Qualité, de la Recherche et du Partenariat.
Les inscriptions pour la 40ème session du Programme Reconnaissance et Équivalences des Diplômes ont été lancées en janvier 2025. Pouvez-vous nous donner un aperçu de ce programme et de ses objectifs principaux ?
Le PRED, premier Programme statutaire du CAMES, établi depuis 1972, a pour objectif d’accréditer, à la demande des Institutions publiques et privées d’Enseignement supérieur, les offres de formation, aussi bien au sein de l’espace CAMES que dans d’autres pays. Il repose sur la Convention de Lomé (1972), qui stipule que « les parties contractantes expriment leur engagement à reconnaître les grades et diplômes délivrés par leurs établissements comme valables de plein droit ou équivalents sur leurs territoires respectifs ».
Au fil des années, ce programme s’est consolidé par plusieurs dynamiques internes et externes : un nouvel accord en 2009 intégrant la dimension Assurance Qualité (AQ, limitation de la durée de l’accréditation à cinq ans), la création du Programme AQ CAMES en 2012, l’introduction d’une plus grande flexibilité dans l’organisation des sessions en 2021, l’adoption en 2022 de la Directive CAMES sur l’Assurance Qualité et l’accréditation, ainsi que la reconnaissance par le Conseil des Ministres du caractère d’Agence Régionale d’Assurance Qualité au CAMES en 2024. Cette évolution s’appuie sur les bonnes pratiques internationales, notamment la Convention d’Addis-Abeba de 2014 et les Références et Lignes Directrices pour l’Assurance Qualité dans l’Enseignement Supérieur Africain (ASG-QA, 2018).
Le PRED vise à garantir la qualité et la pertinence des offres de formation en assurant leur alignement avec la mission de l’établissement et les attentes des parties prenantes. Il permet d’harmoniser les standards académiques pour faciliter la reconnaissance des diplômes et la mobilité académique et professionnelle. Il favorise également l’amélioration continue des offres de formation grâce au cycle d’auto-évaluation et d’évaluation externe. De plus, il renforce le système de management de la qualité des Institutions d’Enseignement Supérieur et de Recherche (IESR), contribuant ainsi à l’efficacité de l’enseignement, de l’apprentissage et à une meilleure employabilité des diplômés.
Quels recommandations et conseils pratiques pourriez-vous partager aux établissements qui souhaitent préparer efficacement leurs dossiers pour ce programme ?
Conformément aux dispositions du programme, pour chaque offre de formation candidate, l’IESR devra réaliser une auto-évaluation rigoureuse en se basant sur le référentiel approprié du CAMES. Compte tenu de l’exigence de cette opération, celle-ci devra se faire suivant une planification rigoureuse et mobiliser l’ensemble des parties prenantes de l’établissement, car elle poursuit aussi un but pédagogique. Afin de respecter le chronogramme de la session annuelle du PRED, je recommande fortement aux IESR souhaitant présenter leurs dossiers d’entamer le processus au moins six mois avant le lancement officiel de l’appel à candidatures par le CAMES. Il me parait essentiel que les IESR participent aux sessions de renforcement des capacités que nous organisons chaque année afin de les aider à mieux appréhender les exigences du PRED. Ses sessions permettent aussi de s’approprier la plateforme de soumission des dossiers en ligne. Bien entendu, elles peuvent à tout moment, solliciter l’assistance du service technique du CAMES pour les accompagner dans leur démarche.
L’intérêt pour l’accréditation du CAMES est de plus en plus croissant. Pouvez-vous partager la plus-value ainsi que l’impact de cette reconnaissance sur les offres de formation ?
La valeur ajoutée de l’accréditation des offres de formation par le CAMES, à travers le PRED, réside dans la reconnaissance de plein droit qu’elle confère aux diplômes issus du processus, tant dans l’espace des 19 pays membres de l’Institution qu’à l’international. Cette reconnaissance participe pleinement à la mobilité académique et professionnelle des ressources humaines et permet ainsi au CAMES de répondre concrètement à l’impératif de l’intégration africaine. Par ailleurs, elle constitue le nécessaire complément à l’accréditation nationale dans le dispositif régional et international promu par la Directive régionale d’Assurance Qualité et d’accréditation. En ce qui concerne les offres de formation, le processus d’accréditation permet d’accroitre leur pertinence scientifique et sociale.
Cette 40ème session est couplée à un atelier de formation sur l’Assurance Qualité. Parlez-nous de l’Assurance Qualité et de son impact qualitatif sur les offres de formation ?
Je reprendrais à mon compte la définition que donne David Woodhouse à l’Assurance Qualité, à savoir : « l’ensemble des politiques, des attitudes et des procédures visant à garantir le maintien et l’amélioration de la qualité ». Au niveau du CAMES, le Programme Assurance Qualité a été mis en place en 2012 par le Conseil des Ministres. Il promeut à la fois des activités d’information et sensibilisation, le renforcement des capacités des acteurs institutionnels et nationaux, la mise à disposition de standards et de référentiels. Le PRED, à cet égard, devient une composante essentielle de ce vaste chantier pour l’accréditation des offres de formation.
Le Programme Assurance Qualité a aussi pour ambition de coordonner les activités et les initiatives au niveau régional, dans un souci d’harmonisation et de pertinence. C’est dans cette perspective que, le 10 juin 2022, le Conseil des Ministres du CAMES a adopté la Directive régionale, issue d’une large consultation avec l’ensemble des parties prenantes. Cette Directive propose une articulation de l’Assurance Qualité et de l’accréditation au niveau régional, national et institutionnel, dans le respect de la souveraineté des pays ainsi que l’autonomie des Agences nationales. À titre d’exemple, aucune IESR ne peut valablement prétendre à une accréditation régionale du CAMES si elle n’a pas été préalablement évaluée ou accréditée par une structure nationale d’Assurance Qualité et d’accréditation.
En outre, la Directive prévoit, dans son article 25, la mise en place par le CAMES d’un cadre de concertation permanent avec les Agences Nationales d’Assurance Qualité (ANAQ) ou les structures à vocation similaire dans les pays membres. Ce cadre de concertation a pris forme lors de la 39ème session du PRED tenue à Bamako, les 25 et 26 novembre 2024, et a pour objectifs :
- d’assurer le suivi de la mise en œuvre de la Directive régionale d’AQ et d’accréditation ;
- de renforcer les capacités des acteurs ;
- de partager les bonnes pratiques;
- d’organiser des activités de concertation et de plaidoyer auprès des décideurs, notamment pour la mise en place des agences ;
- de collaborer avec des organismes partageant des missions convergentes avec celles du CAMES en matière d’Assurance Qualité et d’accréditation.
Pour revenir à la 40ème session du PRED, elle sera effectivement couplée avec un atelier de formation sur l’Assurance Qualité. L’atelier destiné aux acteurs universitaires et aux cadres des ministères responsables de l’Enseignement supérieur et de la Recherche vise à instaurer un cadre propice d’échanges entre les parties prenantes engagées dans divers chantiers, en vue du renforcement de leurs capacités. Nous remettons au goût du jour une formule ancienne parce qu’elle répond aux besoins actuels des acteurs de notre milieu universitaire et de Recherche.
Auriez-vous un dernier mot à l’endroit de nos lecteurs ?
Alors que le CAMES entame l’opérationnalisation de son nouveau Plan Stratégique (2024-2028), qui accorde une place de choix à l’évaluation et à l’excellence académique, je voudrais exhorter tous les responsables des Institutions publiques et privées d’Enseignement supérieur de notre espace à se mobiliser pour la prochaine session du PRED. Je les invite surtout à s’inscrire massivement à l’atelier d’Assurance Qualité dont le programme a été conçu pour répondre à leurs besoins.