Pour notre rubrique de mise en lumière des IESR de l’espace CAMES, la rédaction du Lundi CAMES vous invite à découvrir l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée (IRBAG), à travers l’interview de son Directeur Général, Professeur Mohamed Sahar TRAORÉ.
Bonne lecture!

Bloc Administratif de l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée (IRBAG), 03 Juin 2025

Pr Mohamed Sahar TRAORÉ
Professeur Titulaire en Pharmacognosie.
Directeur Général de l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée.
Merci de vous présenter à nos lecteurs
Je suis Professeur Mohamed Sahar TRAORÉ, Enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences et Techniques de la Santé de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry et Directeur Général de l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée. Je suis par ailleurs, le Rapporteur Général Adjoint du Comité Consultatif Général (CCG) du CAMES.
Pouvez-vous nous présenter votre Institut de Recherche?
L’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée (IRBAG), connu sous le nom de Pastoria est un établissement public à vocation scientifique, régi par la Loi L/2024/0016/CNT du 24 janvier 2024 relative aux statuts spécifiques des Institutions d’Enseignement supérieur, de Recherche scientifique, en République de Guinée. Basé dans la préfecture de Kindia, en Basse Guinée, il a été créé par le Professeur Albert Calmette en 1922 sous le nom d’Institut Pasteur de Kindia. Il deviendra Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée-Pastoria suite à une convention entre l’Institut Pasteur de Paris et le Ministère de la Santé de la République de Guinée à la date du 7 Avril 1965.
La mission principale de l’IRBAG-Pastoria est de promouvoir et de développer la Recherche en biologie, tant fondamentale qu’appliquée, en Guinée. Ses activités couvrent notamment l’étude des maladies virales et parasitaires touchant les humains et les animaux, ainsi que des Recherches herpétologiques y compris la gestion des envenimations par morsure de serpents.
Quelles sont les Innovations et particularités implémentées par votre Institut?
Sur le plan historique, il faut souligner que bien des travaux de Recherche ayant permis des avancées dans le domaine biomédical et dans la lutte contre les maladies ont été menés dans cette Institution. Pour mémoire, c’est à l’Institut Pasteur de Kindia (c’était le nom de l’Institut à l’époque) sous l’égide du Professeur Calmette que fut démontrée à l’échelle animale, l’efficacité du BCG ! Rose, une femelle chimpanzé, est en effet le premier être vivant à ne pas être touché par la tuberculose grâce à une vaccination au BCG.
Malgré les périodes de crise économique, l’Institut a su faire preuve de résilience, en poursuivant ses travaux dans des domaines essentiels.
On peut citer entre autres, quelques réalisations notables dont :
- la Recherche herpétologique ayant permis de collecter les espèces de serpents venimeux de la Guinée et la gestion des envenimations par les morsures de serpents, étant l’unique point de traitement du pays ;
- la production des venins de serpents qui a constitué pendant longtemps une source de revenus de l’Institution ;
- la découverte des 4 virus qui portent les noms de localités jusque-là inconnues par le monde scientifique qui sont virus Fomédé, virus Kindia, virus Kolenté et virus Forécariah ;
- la participation à la Recherche et la surveillance de la résistance aux antimicrobiens en Guinée ;
- la Recherche sur les arboviroses en République de Guinée.
Quels sont les grands défis auxquels vous faites face?
Les grands défis restent entre autres :
- la diversification des sources de financement des activités de Recherche par une levée de fonds à travers des projets innovants ;
- le renouvellement et le maintien des ressources humaines de qualité dans un environnement concurrentiel ;
- la relance de l’Institut par la création entre autres, d’un environnement de Recherche et d’Innovation composé de laboratoires de Recherche de pointe destinés à la Recherche et à l’expertise, de Centres d’accueil pour Chercheurs, d’un laboratoire de production de sérum antivenimeux et d’un Centre de Recherche clinique.
Si vous deviez faire un bilan de l’année 2024, quelles ont été les grandes lignes à mettre en avant?
Nous dirons que 2024 a marqué un tournant pour cette Institution. En effet, c’est au cours de l’année 2024 que l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée de Guinée a célébré son centenaire. Cet évènement ayant regroupé des Chercheurs et des partenaires venus de tous les continents, a été l’occasion de présenter le bilan élogieux de cet Institut historique. A travers un colloque intitulé: « De Pastoria au Global Health : Explorations anthropologiques, historiques & virologiques autour du centième anniversaire de l’IRBAG », cette rencontre a favorisé des échanges fructueux et des collaborations entre les acteurs de la Recherche, tant sur le plan national qu’avec des partenaires étrangers. Cette ouverture permettra d’enrichir les perspectives de Recherche et de favoriser l’émergence de nouvelles idées et approches.
En outre, les décideurs politiques et les bailleurs de fonds ont été sensibilisés sur l’importance de relancer et de repositionner l’Institution au niveau national et sous-régional.
En termes de perspectives, quels sont les projets et grandes activités ?
Les perspectives de l’Institut tournent autour des axes inscrits dans le plan stratégique quinquennal 2025-2030 en cours de validation. Ainsi, de façon résumée, nous comptons :
- susciter des échanges et collaborations autour des axes de Recherche de l’Institution notamment les arboviroses, les maladies tropicales négligées, la résistance aux antimicrobiens entre autres,
- développer les infrastructures et renforcer les équipements et les ressources humaines afin de repositionner l’Institut sur le plan international,
- mettre en place une unité de production de sérum antivenimeux pour renforcer le service à la communauté de notre Institution,
- développer la formation par la Recherche en partenariat avec l’Université Gamal Abdel Nasser et d’autres Institutions.
Un dernier mot pour les lecteurs?
J’exprime au nom de l’ensemble des Chercheurs de l’Institut de Recherche en Biologie Appliquée, notre profond sentiment de gratitude à l’endroit du CAMES, pour non seulement l’opportunité qui nous a été offerte de communiquer sur notre Institut mais aussi pour les efforts inlassables fournis pour le rayonnement de l’Enseignement et de la Recherche en Afrique.
Quelques images de l’Institution :