Pour clore ce premier semestre avec notre rubrique de mise en lumière des IESR de l’espace CAMES, la rédaction du Lundi CAMES vous invite à découvrir l’Université de Dschang, à travers l’interview de son Recteur, Professeur Roger TSAFACK NANFOSSO.
Bonne lecture !


Pr Roger TSAFACK NANFOSSO
Recteur de l’Université de Dschang (CAMEROUN)
Professeur Titulaire du CAMES en Sciences Économiques.
1. Merci de vous présenter à nos lecteurs
Je suis Roger TSAFACK NANFOSSO, Professeur de Sciences Économiques, Recteur de l’Université de Dschang au Cameroun depuis le 15 septembre 2015. Au niveau national, je préside la Conférence des Chefs des Institutions Universitaires (CONCIU) en même temps que je dirige le Bureau Exécutif National de la Fédération Nationale du Sport Universitaire (BEN-FENASU). Je suis aussi Doyen du Collège des Sciences Sociales de l’Académie des Sciences du Cameroun.
En Afrique centrale, mes pairs m’ont confié la responsabilité d’être Vice-président de la Conférence Régionale des Recteurs (C2R) des Universités membres de l’AUF et de présider le Réseau des Établissements d’Enseignement Supérieur et Institutions de Recherche d’Afrique Centrale (REESIRAC).
En Afrique, je suis membre du Conseil d’administration de l’Association des Universités Africaines (AUA) et je préside la Conférence des Recteurs des Universités Francophones d’Afrique et de l’Océan Indien (CRUFAOCI). J’interviens dans plusieurs instances et programmes du CAMES où j’ai été Vice-président de la Commission ad hoc chargée d’examiner le nouveau Guide d’Évaluation des Enseignants-chercheurs et Chercheurs. Je suis Expert certifié à l’évaluation des Comités Consultatifs Interafricains (CCI), Officier de l’OIPA, membre du Comité d’Éthique, membre de la Commission du Prix Macky Sall, et membre du Jury du Concours d’Agrégation.
En Europe, je suis membre du Conseil d’administration de l’Université Toulouse Capitole, en France. Je suis par ailleurs évaluateur dans de nombreuses revues internationales.
2. Pouvez-vous nous présenter votre Université et les filières?
L’Université de Dschang (UDs) est l’une des onze (11) Universités d’État au Cameroun. Elle a été créée par Décret présidentiel, le 19 janvier 1993, sur les cendres du Centre universitaire de Dschang qui avait alors une vocation agrosylvopastorale. C’est pour cette raison que la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) est l’un de nos établissements phares. Au-delà, notre Institution a 07 autres établissements : l’Institut des Beaux-Arts (IBA), l’Institut Universitaire de Technologie Fotso Victor (IUT-FV), la Faculté de Médecine et des Sciences Pharmaceutiques (FMSP), la Faculté des Sciences (FS), la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP), la Faculté de Sciences Économiques et de Gestion (FSEG), la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH). Nous avons 06 UFD baptisées « Dschang School » (Dschang School of Arts and Social Sciences; Dschang School of Economics and Management; Dschang School of Science and Technology; Dschang School of Agricultural and Environmental Sciences; Dschang School of Helath Sciences; Dschang School of Law and Political Sciences), 06 centres de Recherches et 46 laboratoires. Nous formons dans les niveaux suivants : DUT, DEUP et BTS; Licences classiques, Licence de Technologie et Licences professionnelles; Diplômes d’ingénieurs; Masters classiques et Masters professionnels; Doctorat/PhD.
Le siège de l’UDs est à Dschang mais elle a des établissements ailleurs (Foumban où se trouve l’IBA, Bandjoun où il y a l’IUT-FV), des antennes (Maroua dans la Région de l’Extrême-Nord, Bambui dans le Nord-Ouest, Yaoundé dans le Centre) et une annexe (Bafia dans le Centre). C’est une Université bilingue (français/anglais) avec 06 des 08 établissements situés dans une zone de transition géographique et à califourchon entre le « Cameroun anglophone » et le « Cameroun francophone ». Nous assurons la tutelle académique de plus de 65 Instituts privés d’Enseignement supérieur (IPES) au Cameroun, bien sûr, mais aussi au Tchad, au Gabon, en RDC, etc. Au cours de l’année 2024/2025, nous avons accueilli 20 000 étudiants (dont 2 166 étrangers) encadrés par 708 Enseignants-chercheurs et 566 personnels non-enseignants. Nous sommes une destination académique de référence aussi bien pour les camerounais que pour les non-camerounais qui, nombreux, nous font confiance pour leur formation supérieure à l’étranger. Pour plus d’amples informations, vous pouvez consulter notre site web: Accueil – Université de Dschang.
3. Quelles sont les Innovations et particularités implémentées par votre Université?
Les Innovations, il y en a beaucoup. Je vais m’arrêter sur celles qui sortent du cœur classique de l’offre universitaire. Nous en avons principalement six :
- la création d’un Centre d’Appui à la Technologie, à l’Innovation et à l’Incubation (CATI²-UDs) qui constitue un pont entre l’Université et le monde des entreprises (qui a déjà produit 200 startups) ;
- la création d’un Fonds Institutionnel d’Appui à la Recherche (FIAR) pour apporter une réponse institutionnelle aux interpellations contenues dans la politique nationale de Recherche ;
- la création d’une Fondation partenariale (FONDUDs) pour lever des ressources devant concourir au développement de l’Université (avec à son actif, entre autres réalisations, la construction d’une École Doctorale) ;
- une Chaire Pierre Castel (incubateur plus spécialisé dans les startups agroalimentaires) ;
- un Centre d’Éducation à Distance ;
- l’assurance pour tous pour prendre en charge la santé de toutes les composantes de la communauté universitaire.
4. Quels sont les grands défis auxquels vous faites face?
Les défis auxquels nous faisons face ne sont pas différents de ceux des autres Universités du Cameroun. Il convient toutefois de relever que l’Université de Dschang a des problèmes particuliers dont certains sont liés à sa situation géographique. C’est la seule Université d’État de notre pays qui n’est pas située dans une grande agglomération (capitale nationale ou chef-lieu de Région). Et là, les problèmes de connexions diverses (électricité et internet publics notamment) se posent. Nous sommes obligés de déployer des solutions « privées ». De même, nous avons un déficit d’infrastructures pédagogiques, administratives et de laboratoires. Nous avons engagé un vaste programme de renforcement de nos infrastructures que nous espérons voir aboutir très bientôt.
5. Si vous deviez faire un bilan de l’année 2024, quelles ont été les grandes lignes à mettre en avant?
L’année académique 2023/2024 s’est déroulée selon un calendrier académique établi à l’avance et rigoureusement respecté, avec un début des enseignements le 03 octobre 2023 et une clôture de l’année le 31 juillet 2024. Tous les rendez-vous institutionnels ont été respectés : Journées d’orientation du 04 septembre au 02 octobre 2023, Assemblées Générales des Enseignants le 02 octobre et des personnels non-enseignants le 04 octobre 2023, rentrée solennelle le 17 novembre 2023, session de formation pédagogique du 1er au 02 novembre 2023, semaine scientifique et culturelle du 10 au 16 novembre 2023, Conseils d’Université et d’Administration (en juin et en décembre 2024), réunion de coordination avec les IPES sous-tutelle académique de l’UDs le 06 juin 2024, participation aux Jeux Universitaires, cérémonie de clôture de l’année le 31 juillet 2024 (proclamation des résultats annuels), etc. Tout cela a consolidé la démarche qualité à l’Université de Dschang (UDs) et déterminé le bon fonctionnement de cette Institution. Cette année 2024 a aussi et surtout été marquée par la sortie de la première promotion (41 médecins et 21 pharmaciens) de la FMSP.
Nous avons renforcé nos liens de coopération avec de nombreux partenaires (par exemple la visite de l’ambassadeur de l’Union européenne et la signature de la convention avec l’Université de Qingdao en Chine). Notre appui au développement s’est également renforcé, notamment par la production d’un livre-blanc sur les fragilités des sols dans la Région de l’Ouest.
Notre CATI²-UDs a reçu 228 idées de projets. 54 ont été sélectionnées et pré-incubées. 25 ont été définitivement incubées dont 15 pour la cohorte ordinaire et 10 pour la cohorte spéciale en Intelligence Artificielle. De plus, le CATI²-UDs, en collaboration avec INBAR et le FIDA, à travers le projet «Accroître la Résilience des Communautés locales aux Changements climatiques grâce à l’Entrepreneuriat des jeunes et la Gestion intégrée des ressources naturelles (ACREGIR) », a mis sur le marché de l’emploi 150 éco-entrepreneurs. Parallèlement, la chaire entrepreneuriale Pierre Castel (CPC) sur l’agroalimentaire a présélectionné une douzaine de projets au début de l’année 2024. Dix ont été maturés et incubés. L’UDs a ainsi mis sur le marché un total de 185 startups formalisées.
Divers classements internationaux ont positionné l’Université de Dschang à la première place des Institutions d’Enseignement et de Recherche en zone CEMAC tout au long de l’année 2024. Par exemple, selon le Webometrics (Ranking Web of Universities), publié au mois de juillet, l’UDs est le leader de la sous-région. En Afrique, au Sud du Sahara, elle est 65ème. Chez AD Scientific Index, de nombreux Chercheurs de notre Université se retrouvent dans le top 100, la première, revenant au Professeur Kuete Victor qui est 62ème en Afrique, 1er en Afrique centrale et au Cameroun. Le classement ADScientific met l’accent sur le rayonnement scientifique des Chercheurs des Institutions d’Enseignement et de Recherche.
6. En termes de perspectives, quels sont les projets et grandes activités ?
Nos perspectives sont évidemment arrimées à nos projections. Dans notre plan stratégique de développement, notre vision est d’être « une Université d’excellence, au service du développement durable, parmi les meilleures d’Afrique à l’horizon 2030 ». Le premier aspect de ce développement sont les infrastructures. À l’immédiat, nous comptons construire sur fonds privés un « pavillon des Enseignants » dont la première pierre a été posée au mois de mai 2025. Nous avons par ailleurs en projet de terminer les nouveaux blocs pédagogiques de l’IBA à Foumban, de l’IUT-FV à Bandjoun, de la FLSH et de la FSEG à Dschang. Ces projets concernent aussi l’édification du campus de la FMSP dont nous espérons terminer la négociation du financement bientôt. Nous avons aussi en perspective la création d’un agropole sur deux fermes d’application dont l’une à Bansoa et l’autre à Bafia. Nous comptons également poursuivre notre contribution aux politiques publiques nationales et internationales dans plusieurs domaines. Pour le reste, nous essayerons d’aller le plus loin possible dans nos différents programmes prioritaires: la densification de la composante technologique; la professionnalisation des établissements facultaires classiques ; le renforcement de la Recherche, de l’Innovation et du rayonnement; l’amélioration continue de la gouvernance de notre Institution.