Pour notre rubrique de mise en lumière de nos IESR, la rédaction du Lundi CAMES vous invite à découvrir l’Université de Bangui, en Centrafrique, à travers l’interview de son Recteur, Professeur Gérard GRESENGUET.
Bonne lecture !


Pr Gérard GRESENGUET
Professeur Titulaire des Universités CAMES en Épidémiologie
Recteur de l’Université de Bangui
Bonjour Monsieur le Recteur, merci de vous présenter à nos lecteurs!
Je suis Professeur Gérard GRESENGUET. Je suis médecin, Enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences et de la Santé de l’Université de Bangui, spécialiste en Santé publique, Professeur Titulaire des Universités CAMES en Épidémiologie. À l’Université de Bangui, j’ai été Doyen de la Faculté des Sciences de la Santé (FACSS) de 2003 à 2022. C’est depuis janvier 2022 que j’exerce les fonctions de Recteur de cette Institution d’Enseignement supérieur et de Recherche.
Au niveau du CAMES, j’ai pris part au Comité Technique Spécialisé (CTS) de Médecine de 2004 à 2021. J’ai siégé à plusieurs reprises comme membre du jury du Concours d’Agrégation de Médecine. En janvier 2023, j’ai été élu membre de l’Ordre International des Palmes Académiques (OIPA). En février 2025, j’ai été élu Vice-président du Comité Consultatif Général (CCG) pour un mandat de trois ans.
Pouvez-vous nous présenter votre Université et ses différentes filières ?
L’Université de Bangui a été créée par Ordonnance du 12 novembre 1969 après la dissolution de la Fondation de l’Enseignement supérieur en Afrique Centrale (FESAC). Il s’agissait de répondre aux besoins urgents de formation de cadres nationaux. Les activités n’ayant démarré de manière effective qu’à partir d’octobre 1971, cette Institution s’est progressivement dotée d’Établissements d’Enseignement et de Recherche à vocation nationale et internationale couvrant divers domaines académiques.
L’Université de Bangui est une Institution pluridisciplinaire d’Enseignement supérieur qui promeut l’excellence. Sa devise est : « L’excellence académique au cœur de l’Afrique ». Aussi, toutes les actions sont orientées vers l’excellence académique.
Actuellement, l’Université de Bangui comprend neuf (9) établissements d’Enseignement et de formation, à savoir : la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion, la Faculté des Sciences, la Faculté des Sciences de la Santé, la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, l’Institut Supérieur de Technologie, l’Institut Universitaire de Gestion des Entreprises, l’Institut Supérieur de Développement Rural, l’École Normale Supérieure. À côté de ces établissements, l’Université de Bangui dispose de douze (12) centres / laboratoires de Recherche et (cinq) 5 Écoles Doctorales. Ces structures développent le volet Recherche et assistent les Enseignants-chercheurs et les étudiants dans l’élaboration et la réalisation des travaux de Recherche pouvant conduire à des publications dans les revues internationales ou à des soutenances de thèse de doctorat.
Quelles sont les Innovations et les particularités implémentées par votre Université ?
À notre prise de fonction en février 2022, l’Université de Bangui sortait d’une grève de deux mois (novembre et décembre 2021) déclenchée par le Syndicat des Enseignants de l’Enseignement Supérieur (SYNAES). Cette grève avait pour principale revendication l’amélioration des conditions de travail des Enseignants du Supérieur. Des négociations ont eu lieu en janvier 2022. Elles ont permis une reprise timide des activités académiques à la mi-janvier. Cela nous a donné la possibilité de tenir une session du Conseil d’Université du 26 au 28 janvier 2022.
Dans les neuf (9) établissements de l’Université de Bangui, les activités académiques 2020-2021, qui auraient dû prendre fin en septembre ou octobre 2021, furent non seulement perturbées par la crise sanitaire au COVID 19 mais également par la grève des Enseignants. A la reprise des activités, à la fin de janvier 2022, seuls deux (2) établissements sur neuf (9) étaient en mesure de démarrer l’année académique 2021-2022. Les autres établissements devaient, dans un premier temps, terminer les enseignements et procéder aux évaluations de passage en année supérieure avant de démarrer la nouvelle année académique 2021-2022.
C’est dans ce contexte que la nouvelle équipe rectorale a pris fonction, avec pour instruction gouvernementale, le retour progressif au calendrier académique universel qui normalement va d’octobre à juin. Les directives ont été également données aux établissements de tout faire pour terminer l’année académique 2021-2022 au mois de décembre 2022. Les efforts ont été poursuivis et consolidés au cours des années académiques 2022-2023 et 2023-2024. Cela a permis un retour au calendrier académique normal et un démarrage de l’année académique 2024-2025, le 15 octobre 2024.
Le pari de la normalisation du calendrier universitaire a été tenu grâce aux sacrifices consentis par toute la communauté universitaire, à savoir : le corps académique, les étudiants et le personnel administratif. Nous exprimons notre profonde gratitude aux autorités politiques de la République de Centrafrique. Je pense plus précisément au Professeur Faustin Archange TOUADERA, Président de la République, Chef de l’État, pour le soutien moral et la mise en œuvre de toutes les actions visant à garantir la paix sociale sur le campus. Ces actions ont par exemple consisté au paiement régulier des bourses, des heures supplémentaires aux Enseignants vacataires et des salaires du personnel administratif.
Quels sont les grands défis auxquels vous faites face ?
Quatre (4) défis principaux sont à relever parmi tant d’autres. Il s’agit de : la formation, la construction des infrastructures pédagogiques et sociales, le recrutement des Enseignants permanents, l’amélioration des ressources financières.
En effet, sur le plan académique, la formation doit être compétitive. L’Université de Bangui forme plus de demandeurs d’emploi que d’entrepreneurs. D’où la nécessité de généraliser le système Licence Master Doctorat (LMD) qui doit permettre à l’étudiant d’être employable à la fin de sa formation.
Au niveau des infrastructures pédagogiques, l’Université de Bangui doit répondre aux besoins d’accueil et d’encadrement des étudiants en augmentant la capacité d’accueil et en renouvelant des équipements pédagogiques. Pour un Enseignement de qualité, nous devons recruter les Enseignants permanents. Car il y a une pléthore d’Enseignants vacataires. Enfin, l’Etat doit améliorer la gestion financière de l’Université de Bangui en lui allouant un budget conséquent et aider à assouplir les procédures de décaissement.
Si vous deviez faire un bilan de l’année 2024, quelles seraient les grandes lignes à mettre en avant ?
L’année académique 2023-2024 s’est déroulée conformément au calendrier pré établi à la satisfaction générale. Les soutenances de Master et de Doctorat ainsi que les examens de fin d’année ont pu être délibérés au plus tard à la fin août. Les étudiants et les Enseignants ont pu mettre à profit le mois de septembre pour bénéficier d’un repos mérité à la satisfaction générale de tous les acteurs du secteur de l’éducation, à savoir : les autorités politiques et académiques, les Enseignants, les étudiants, le personnel d’appui, sans oublier les parents des étudiants.
En termes de perspectives, quels sont les projets et grandes activités projetés ?
L’Université de Bangui entend se maintenir dans la ligne de l’excellence. Elle s’engage à offrir un Enseignement et une formation guidés par la créativité, l’innovation et l’excellence. Pour cela, nous devons faire d’elle : une Institution de Recherche misant sur l’excellence de ses fonctions académiques et professionnelles. Cela passe par l’amélioration de l’accès à une éducation de qualité pour aider la prochaine génération à prendre une mesure d’avance. Il s’agit par exemple d’intégrer la technologie dans la pédagogie. Notre université se doit de préparer une élite adaptée aux besoins du monde du travail, tout en se basant sur un Enseignement plus fonctionnel et plus pragmatique afin de permettre aux étudiants d’aborder la vie professionnelle dans les meilleures conditions possibles.
Un dernier mot pour les lecteurs ?
Mon dernier mot a trait à la mobilisation permanente de tous les acteurs de l’Enseignement supérieur afin de consolider les acquis obtenus au prix de nombreux sacrifices. Si tout le monde y met du sien, cette année universitaire sera une belle réussite et nous traverserons les épreuves qui se dresseront devant nous.
Je souhaite à toute la communauté universitaire une excellente fin d’année académique 2024-2025 et de bonnes vacances.
