L’Afrique de l’Ouest tient une feuille de route régionale pour la recherche et l’innovation. C’est la principale nouvelle à retenir de l’atelier de partage organisé par l’AUF-Afrique de l’Ouest, en partenariat avec le CAMES. Il a eu lieu les 18 et 19 avril 2024 à Dakar. Cette rencontre, portant sur la structuration de la gouvernance de la recherche et de l’innovation, a réuni une trentaine de participants en présentiel et une quarantaine en ligne venant du Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Mali, Niger, du Sénégal et du Togo. Elle avait pour objectifs de : (i) réfléchir sur l’organisation de la recherche scientifique en Afrique de l’Ouest ; (ii) échanger sur la vision de la Recherche et de l’Innovation, son rôle dans le développement durable et inclusif, ainsi que sur les moyens de créer un environnement propice au transfert de technologie et à l’innovation.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le Directeur des Programmes en charge des Comités Consultatifs Interafricains (CCI), des Concours d’Agrégation et de l’Ordre international des palmes académiques du CAMES (OIPA/CAMES), Pr Ali Doumma, a représenté le CAMES. Il a transmis le message du Secrétaire Général, soulignant l’excellence du partenariat entre le Secrétariat Général du CAMES et l’AUF, notamment à travers l’Académie Internationale de la Francophonie Scientifique (AIFS) et la Direction Régionale de l’AUF-Afrique de l’Ouest.
Il a affirmé que cet atelier régional de partage d’expériences est une suite logique des actions entreprises par le CAMES pour revitaliser la recherche en Afrique, faisant écho à l’Appel de Yamoussoukro pour des politiques de recherche ambitieuses dans l’espace CAMES.
S’inscrivant dans la vision de l’Union Africaine, à travers l’Agenda 2063 et sa stratégie décennale « Science, Technologie et Innovation pour l’Afrique 2024 », le Secrétariat général actuel du CAMES, sous le leadership du Pr Souleymane Konaté, vise à positionner le CAMES comme « l’Institution de référence internationale en matière d’évaluation scientifique et un véritable outil d’intégration académique et de développement durable de l’Afrique ».
Pr DOUMMA a également mentionné le succès de la 6e édition des Journées Scientifiques du CAMES (JSDC-6), tenue du 11 au 14 mars 2024 à Yamoussoukro, avec pour thème général : « Recherche et Innovation pour un développement durable en Afrique : défis et opportunités pour l’enseignement supérieur ». Cette édition a permis de diagnostiquer la recherche et l’innovation et de proposer des recommandations via une conférence ministérielle sur les politiques nationales en matière de recherche et d’innovation et cinq panels de haut niveau.
En conclusion, Pr DOUMMA a exprimé de grands espoirs pour les résultats de cette rencontre régionale, anticipant qu’ils constitueront une contribution significative à la stratégie du CAMES sur le développement et la valorisation de la recherche et de l’innovation. Cela inclut la redynamisation des Programmes Thématiques de Recherche Concertée (PTRC), la mise en place et l’opérationnalisation du Réseau des Directeurs de la Recherche et de l’Innovation du CAMES, la création des presses universitaires du CAMES, des Collèges d’écoles doctorales et des pôles de compétence en recherche et développement.
Le Directeur Général de la Recherche et de l’Innovation au Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation du Sénégal (MESRI), Pr Amadou Gallo DIOP, a soutenu qu’« il ne peut y avoir de développement sans recherche. Il ne peut y avoir de développement sans que les produits de cette recherche ne permettent de l’innovation dans tous les domaines. » Il s’est félicité de ce que l’AUF et le CAMES aient compris ce principe. Cependant, il note que des défis persistent, notamment en ce qui concerne les conditions de travail des chercheurs, d’où la nécessité d’une collaboration régionale et internationale dans le domaine de la recherche. « Le partenariat sous-régional et international est essentiel pour une vision efficace », a-t-il indiqué.
Pr DIOP a également exprimé sa confiance dans le potentiel de l’Afrique en matière de recherche et d’innovation, affirmant que « si on travaille bien avec des industriels, des investisseurs et des partenaires qui ont la même vision que nos jeunes, tous les gouvernements verront l’impact sur l’économie ». Avant d’inviter à « vulgariser les résultats de la recherche pour maximiser l’impact sur la société. »
Pour la Directrice régionale de l’AUF en Afrique de l’Ouest, Pr Ouidad Tebbaa : « Cet atelier est le fruit d’une collaboration étroite entre l’AUF et le CAMES, dans le cadre de notre engagement commun pour promouvoir la recherche et l’innovation en Afrique de l’Ouest. Nous sommes ici pour réfléchir ensemble sur la meilleure façon d’organiser et de valoriser la recherche dans notre région. » Elle a insisté sur le fait que « l’Afrique doit être en avant sur la recherche-développement, sur la recherche-innovation. Car, il y a des chercheurs, des brevets, il y a du travail qui a été fait. Il faut le structurer, il faut le mettre en avant, il faut mettre le monde socio-économique ». Pr Ouidad Tebbaa estime que « tout cela doit déboucher sur des impacts concrets pour nos pays. L’AUF a engagé un programme mais au niveau de l’Afrique de l’Ouest, il y a le CAMES, l’instrument fondamental de l’intégration africaine ».
Adoption d’une feuille de route
Les travaux ont été organisés autour d’une session plénière et de deux sessions parallèles. La session plénière a permis aux experts de présenter entres autres : les chantiers de l’AUF en matière de structuration de la recherche, la valorisation des résultats de la recherche et de l’Innovation en Afrique de l’Ouest ; les recommandations pertinentes issues des 6e Journées Scientifiques du CAMES sur la redynamisation de la recherche et l’innovation. Dans une session parallèle, les participants ont échangé leurs points de vue sur les meilleures stratégies pour assurer la promotion de la recherche et de l’innovation dans cette partie du continent africain. Les travaux ont abouti à l’élaboration d’une une feuille de route régionale sur la recherche et l’innovation. Parmi les mesures phares recommandées, il y a la création d’un réseau des Directeurs généraux de la recherche-innovation.