Les Doctoriales 2025 de l’Université Joseph KI-ZERBO (UJKZ) se sont tenues du 11 au 13 juin 2025, à Ouagadougou, sous le patronage du Professeur Jean François Silas KOBIANÉ, Président de l’UJKZ, et le parrainage du Docteur (Directeur de Recherche) Paco SÉRÉMÉ, Président de l’Académie Nationale des Sciences, des Arts et des Lettres du Burkina Faso (ANSAL BF).

L’objectif général de ces Doctoriales 2025 était de renforcer les capacités des étudiants dans la conception et la rédaction scientifique. Il s’est donc agi pour les participants, d’appréhender la contribution à l’avancée de la science à travers leurs projets de thèse, renforcer leurs capacités en rédaction et présentation de thèses, contribuer à la collaboration entre spécialités scientifiques et améliorer la conduite de travaux de Recherche doctorale. Cet évènement scientifique d’envergure a vu la participation de doctorants, d’Enseignants-chercheurs, de Représentants du secteur privé mais également d’invités venus du Mali, du Niger, du Bénin et de Madagascar.
A l’occasion de cet évènement académique de portée régionale, le Secrétaire Général du CAMES, Pr Souleymane KONATÉ, a été invité à prononcer la conférence inaugurale sur le thème même des Doctoriales : « Recherche scientifique en temps de crise : Enjeux et Perspectives ».

Son propos a présenté le sujet porté à son analyse autour de l’état des lieux de la Recherche en Afrique, l’impact des crises sur la Recherche scientifique, les enjeux de la Recherche en temps de crise et la stratégie pour une Recherche de qualité et plus résiliente en Afrique avec le cas de l’espace CAMES. A l’entame de son propos, il est revenu sur les définitions et l’historique des mots clés du thème, pour camper le décor. La notion de crise a ainsi été abordée, la définissant comme un dérèglement du fonctionnement normal d’un processus, une perturbation soudaine de l’état naturel d’un système. Sur la base des statistiques produits par l’UNESCO (IS 2025) et l’Union Africaine (STISA 2025), il a présenté l’état de la Recherche scientifique en Afrique en temps normal (une Recherche en crise), en insistant notamment sur la faiblesse de la densité de Chercheurs en Afrique subsaharienne et de la production scientifique. Pour illustrer ses propos, Professeur Souleymane KONATÉ s’est appuyé sur des chiffres parlants dont le nombre de publications africaines (2,8% des publications scientifiques mondiales) et leur provenance géographique (l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigéria ou encore le Maroc). Il a également mentionné les principaux problèmes structurels de la Recherche scientifique en Afrique, à savoir le sous financement (0,59% du PIB contre une moyenne de 1,79%), le manque d’infrastructures de Recherche de pointe, l’insuffisance de dispositifs institutionnels, la faiblesse des liens entre Recherche, Politique et secteur productif, l’insuffisance de partenariats et de mobilité académique. Le conférencier, a par la suite, montré les effets des crises sur la Recherche scientifique, notamment à travers l’accentuation des problèmes structurels. L’exemple de la COVID19 a permis d’étayer son propos relatif à l’impact des crises sur la Recherche avec l’interruption des travaux de terrain dans certaines zones difficiles d’accès, ou encore la réduction des budgets publics alloués à la Recherche au profit d’autres secteurs considérés plus important.
Les enjeux de la Recherche en temps de crise ont par la suite été au cœur de son exposé avec notamment la question de la souveraineté scientifique et technologique, la réponse aux crises systémiques interconnectées, la science ouverte et la gouvernance des savoirs, et enfin les opportunités liées au dividende démographique. Ainsi, Professeur KONATE a rappelé qu’il est nécessaire de renforcer les capacités à produire des données fiables pour la planification, renforcer l’autonomie en matière de pilotage, de financement et de valorisation de la Recherche, adresser le besoin de cadres juridiques, éthiques et institutionnels renforcés, ou encore reconnaitre et valoriser les savoirs locaux endogènes dans les dynamiques de Recherche, pour citer quelques enjeux.
Le dernier acte de cette conférence inaugurale a été relatif à la stratégie pour une Recherche de qualité et résiliente. Le diagnostic de la Recherche scientifique dans l’espace CAMES sur le plan structurel (absence de politiques, besoin de financement, manque d’infrastructures d’envergure…) et opérationnel (faiblesse de la gouvernance, insuffisance de valorisation des résultats de la Recherche, faible interaction avec le secteur productif…) a été présenté à l’assistance. En réponse à cet état des lieux, les initiatives du CAMES et ses grands chantiers sur la Recherche ont par la suite été présentés. Il s’agit entre autres: des Journées Scientifiques du CAMES, du Fonds Macky Sall pour la Recherche, de la définition d’une politique commune de la Recherche avec plusieurs actions en prévision (la mise en place du Réseau des Directeurs de Recherche et d’Innovation, le développement de partenariats et de mécanismes de financement de la recherche, la création de l’Académie Virtuelle du CAMES…, pour ne citer que ces actions).
Pour clore son propos, le Secrétaire Général du CAMES, s’appuyant sur des citations de Nelson Mandela et Cheikh Anta Diop, est revenu sur l’importance de la Recherche scientifique et son rôle en temps de crise, comme outil de prévention, d’analyse, et de propositions scientifiques d’atténuation/adaptation/résolution. Il a exhorté les doctorants à ne pas subir la crise, mais à être de véritables acteurs de la résilience et du changement transformatif face aux crises: « la crise n’est pas seulement un frein, elle est une opportunité de repenser nos façons de produire, de partager et de mobiliser le savoir au service du bien commun. Alors, osez, interrogez, créez et soyez passionnés, solidaires et engagés!». Il les a par ailleurs invités à méditer cette citation du Professeur Joseph KI-ZERBO : « chaque génération a ses pyramides à construire ». »
Deux autres conférences ont ponctué cet évènement notamment sur l’Intelligence Artificielle : enjeu pour la Recherche scientifique et le développement, l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique au cœur du développement durable en Afrique respectivement animées par Docteur Mostafa DELLALE et Professeur Joseph PARÉ. En marge de ces conférences, les Doctorants sélectionnés ont sacrifié à des présentations orales et des posters proposés aux participants.