« Celui qui a planté un arbre avant de mourir n’a pas vécu inutilement car il aura ajouté quelque chose à l’humanité ».
Proverbe indien
Après avoir servi son pays, ce biologiste est allé à la conquête du continent. Nommé à la tête du CAMES le 1er août 2011, il a su illuminer cette prestigieuse institution de son aura et de ses prouesses en deux mandats presque. Habitué des grandes rencontres scientifiques, cet érudit chevronné a su implémenter une vision clinique de la recherche scientifique au sein de cette même institution.

Notons,
- L’amélioration significative de la démarche-qualité. Si les programmes du CAMES ont atteint ce niveau d’exemplarité et de compétitivité, c’est à son audace et à son dévouement que nous le devons.
- L’instauration progressive de la diplomatie d’influence dans les universités d’Afrique francophone et d’Océan indien de l’espace CAMES et au-delà même de nos terres africaines. Si le CAMES est reconnu aujourd’hui en termes de rigueur, de crédibilité et d’attractivité, c’est aussi à son management participatif que nous le devons.
- Le renforcement des rapports entre les Etats membres de l’espace CAMES autour de la question de l’Enseignement Supérieur. Si l’on assiste à une forme consensuelle des activités du CAMES, c’est à sa diplomatie que nous le devons.
- La création du « PRIX Macky SALL pour la recherche » en appui aux Programmes Thématiques de Recherche du CAMES (PTRC). Si l’instauration de ce prix est de permettre aux promus du CAMES, les enseignants- chercheurs et chercheurs d’aborder efficacement les problèmes d’actualités, les problèmes de société, c’est à sa passion pour le développement de l’innovation, de la science et des technologies sur le continent Africain que nous le devons.
- L’opération du programme silhouette dans le traitement des dossiers CAMES. Si l’on observe au sein des universités l’arrêt systématique du convoi massif des dossiers de candidatures de nos enseignants- chercheurs et chercheurs, la numérisation des procédures, c’est à son esprit réformateur et révolutionnaire que nous le devons.
Dans le cadre de l’axe VI « Développements des synergies, des partenariats et des programmes innovants » de son Plan Stratégique de Développement (PSDC), le CAMES a décidé de la création et de la mise en œuvre des Olympiades Universitaires de son espace. Si cette initiative s’inscrit dans une volonté de susciter l’émulation et de promouvoir l’excellence auprès des étudiants, son intelligence visionnaire y a largement contribué.
C’est bien de son fait et en toute intelligence que le lien entre le CAMES et la Conférence des Recteurs des Universités Francophones d’Afrique et de l’Océan Indien(CRUFAOCI) que j’ai l’honore de diriger a pu être établi. Sûr, convaincu de ces réformes novatrices, il a dû passer des nuits blanches avec son équipe pour l’élaboration des programmes aussi protéiformes et bénéfiques qu’ils soient. En homme de foi, comme guidé par la divine providence, « expression qu’il aimait tant mentionner dans ses allocutions que je reprends » Bertrand MBATCHI est dépositaire d’un savoir-faire et d’un savoir-être qui ont pleinement profité au CAMES.
Chez François Rabelais, Bertrand MBATCHI serait Pantagruel, ce personnage de l’œuvre éponyme qui incarne l’humanisme à l’époque de la Renaissance (XVIème siècle), la célébration de la grandeur intellectuelle de l’homme dans toutes ses dimensions.
Nous avons déjà tous ancré dans nos cœurs, dans nos mémoires le souvenir d’un diplômé, d’un grand diplomate, d’un Professeur émérite qui a révolutionné le CAMES.
Oui, par les innovations engagées, par les réformes menées, l’action déployée, par son œuvre et sa pensée, Bertrand MBATCHI, habite aujourd’hui nos vies, sans doute plus encore que nous ne le pensons. Il aimait transmettre à son entourage, ce qu’il savait faire de mieux, la passion de la connaissance, le goût de la recherche. Bertrand MBATCHI était de ceux-là, de ces professeurs, de ces grands meneurs d’hommes que l’on n’oublie pas, de ces passionnés capables d’arpenter les chemins les plus ardus pour apprendre, pour repenser, pour chercher, pour trouver et pour valoriser. Je parie sans risque de me tromper que moribond, il tenait à terminer les préparatifs de l’agrégation du CAMES prévue pour ce mois prochain, au Bénin. C’est à la tâche qu’il est tombé.
« Mourir en combattant, c’est la mort détruisant la mort. Mourir en tremblant, c’est payer servilement à la mort le tribut de sa vie », écrivait William Shakespeare
Et tout au long de leur vie, les nombreuses personnes qu’il a formées exerceront cette valeur du travail bien fait qu’il leur a inculqué. Je peux l’affirmer, Professeur Bertrand MBATCHI restera dans les annales comme un vade-mecum, une référence pour le CAMES. Il demeurera comme un modèle de gouvernance, de réussite sociale et d’épanouissement intellectuel. Il incarnait, en vérité, la beauté de l’intelligence dans toute son expressivité.
Eh oui, quelle grosse perte pour la société savante africaine et de la diaspora. Cette fierté d’Afrique centrale, ce digne fils du Gabon, cette icône de Ouagadougou ne sera plus vue et entendue au pupitre des assemblées du CAMES ou encore partout ailleurs. Un moment qu’il affectionnait tant. Jamais, je n’ai vu d’aussi grand parolier que lui dans notre espace. Un homme qui respecte et qui honore son auditoire en laissant transparaitre en toute occasion le caractère seigneurial et solennel de son verbe séduisant.
J’ignorais à titre personnel, que sur proposition de mon Ministre de tutelle, le Professeur Adama Diawara, qu’il me faisait ses adieux en m’élevant au grade de Chevalier de l’Ordre International des Palmes Académiques du CAMES, récemment à l’occasion des 37é et 38è sessions ordinaires du Conseil des Ministres du CAMES organisées à Abidjan.
« Une vie, quelques jours et puis plus rien » écrivait Guy de Maupassant
Aussi avons-nous une pensée pour son équipe qu’il laisse derrière lui : ces vaillants travailleurs, infatigables, professionnels, expérimentés et dévoués à la tâche.
Mais, bien qu’il soit parti, les croyances africaines nous obligent à croire il est parmi nous, qu’il nous observe, qu’il compte sur nous pour la relève.
« Les morts ne sont pas morts… » écrivait Melchior Mbonimpa
Nous nous engageons à pérenniser le legs de modernité de notre illustre disparu en assurant dignement la continuité de vouloir faire de notre Enseignement Supérieur un levier de développement pour une Afrique compétitive à l’échelle mondiale. Le CAMES pourra toujours compter sur notre disponibilité.
Les Recteurs et Présidents d’Universités de l’espace CAMES voudraient par ma voix réitérer leurs sincères condoléances à la famille du Secrétaire Général, aux autorités gabonaises, à sa communauté religieuse, à ses proches, amis et connaissances sans oublier ses fidèles et loyaux collaborateurs.
Que Dieu vous soutienne en ces moments éprouvants.
En conclusion, Professeur Bertrand Mbatchi n’a pas vécu inutilement, il aura vraiment ajouté quelque chose à l’humanité au travers de ses œuvres palpables, observables et chiffrables réalisées au sein du CAMES.
A dieu cher collègue ! A dieu cher Coach ! A dieu le Chancelier ! A dieu notre Secrétaire Général à tous ! A dieu le Secrétaire Permanent de la CRUFAOCI !
Pr Abiba Sanogo TIDOU, Présidente de la CRUFAOCI