Le 23 mai 2023, le Programme Thématique de Recherche – Langue Société Civilisation et Culture du CAMES (PTR-LSCC) a organisé en ligne sa conférence mensuelle intitulée « Les samedis du PTR LSCC » sur le thème « Africanologie discursive : à la recherche de discours fondateurs ». Cette conférence a été animée par le Professeur Nanourougo COULIBALY, spécialiste en rhétorique argumentaire et stylistique, Enseignant-chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire.

Au cours de son exposé, le Professeur COULIBALY a invité l’auditoire à repenser le cadre épistémique pour appréhender la connaissance de l’Afrique, en se détachant des discours occidentaux qui ont tendance à exercer un contrôle, et en se tournant plutôt vers une analyse des discours issus de la culture africaine. À cet égard, il a souligné l’importance cruciale de développer une rhétorique qui émane d’un corpus africain et qui résonne avec les réalités africaines, se référant notamment au discours de SANKARA en 1984. Le Professeur COULIBALY nomme cette science du discours africain « africanologie discursive », en s’inspirant des travaux de Jonas Shamuan Mabenga (Africanologie : ébauche d’une discipline scientifique, 2017) et de Samba Diakité (Waati Seraa. La voix du temps ou l’appel des incompris, 2018).
Cette approche du discours africain se veut interdisciplinaire et vise à établir les fondements épistémiques de l’analyse des discours africains, afin de s’affranchir du dilemme imposé par l’Occident à l’Afrique : « se conformer ou rester en marge ». Par exemple, l’absence notable de références africaines dans les travaux de recherche menés par des Africains pourrait être un obstacle à surmonter. Toutefois, des initiatives telles que le réseau africain d’analyse du discours (R2AD), le Réseau « Discours d’Afrique », ainsi que le projet « Analyse du Discours en Afrique subsaharienne (ADAS) » annoncent un changement de pratiques. En conclusion, le Professeur Nanourougo COULIBALY s’est montré optimiste quant à l’avenir de l’« africanologie discursive », car elle vise à libérer les analystes du discours de la domination des savoirs et de la tradition des commentaires. Elle s’engage résolument à ancrer ses concepts dans les réalités africaines, marquant ainsi une évolution significative dans son cheminement scientifique.