La Conférence des Recteurs des Universités Francophones d’Afrique et de l’Océan Indien (CRUFAOCI) a tenu son Assemblée Générale ordinaire du 2 au 4 octobre 2024 à Brazzaville, en République du Congo. Près de 80 Recteurs, Présidents et Directeurs des Institutions d’Enseignement supérieur et de Recherche, issus de 15 pays de l’Afrique et de l’Océan Indien, ont pris part à cette session 2024, dont les réflexions ont porté sur : « l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur : enjeux, opportunités et défis ».

La cérémonie d’ouverture
Les travaux de cette conférence ont été officiellement ouverts, le 2 octobre 2024 à l’Université Marien Ngouabi, par le Directeur de cabinet par intérim du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique du Congo, M. Vincent NDINGA, représentant Madame la Ministre, Pr Delphine Édith EMMANUEL-ADOUKI .
Cette ouverture officielle a également été marquée par la présence du Recteur de l’Université de Dschang (Cameroun), Pr Roger TSAFACK NANFOSSO, Président par intérim de la CRUFAOCI, de Pr Ali DOUMMA, Secrétaire Permanent de la CRUFAOCI et par ailleurs Directeur des programmes chargé des CCI, des Concours d’Agrégation et de l’OIPA du CAMES, du Président de l’université Marien NGOUABI, Pr Gontran ONDZOTTO, des responsables d’institutions membres de la CRUFAOCI, des membres des missions diplomatiques, de la communauté universitaire de la République du Congo et de plusieurs autres invités.

Dans son allocution de bienvenue, le Président du Comité d’organisation, Pr Gontran ONDZOTTO, Président de l’université Marien NGOUABI, au nom du comité d’organisation, de toute la communauté universitaire congolaise et en son nom propre, a souhaité la cordiale bienvenue à l’ensemble des participants et leur a exprimé ses remerciements pour avoir répondu favorablement à ce rendez-vous, en effectuant le déplacement à Brazzaville, terre d’hospitalité légendaire.
Face à l’émergence de l’intelligence artificielle (IA), « le rôle du formateur, la posture de l’apprenant, mais aussi le contenu de l’enseignement semblent vivre une profonde mutation. Une réalité qui invite à repenser le système d’enseignement supérieur pour les années à venir », a fait remarquer Pr ONDZOTTO, Président de l’UMNG. Aussi, il donne raison à la CRUFAOCI d’entendre, de faire comprendre, de lancer une réflexion profonde sur l’enseignement de demain afin de tenir compte de cette révolution cognitive artificielle. Il a donc invité les Institutions d’Enseignement Supérieures et de Recherche (IESR) membres à relever ce défi en construisant pas à pas, « à travers une approche audacieuse, une université profondément renouvelée et enrichie par les apports du numérique et de l’IA, mais qui place toujours l’apprenant au sommet de ses ambitions ».

A l’entame de son propos, le Professeur Roger TSAFACK NANFOSSO, Président par intérim de la CRUFAOCI, a fait un bref et important rappel historique sur la création de la CRUFAOCI, le 22 juillet 2004 à Cotonou au Bénin, ses missions, ses statuts et quelques activités menées par les membres en vue d’accroitre l’attractivité de l’Institution, 20 ans exactement après sa création.
Il a également présenté quelques défis majeurs de l’Enseignement Supérieur en Afrique, notamment au Sud du Sahara, et invité ses pairs à plus d’engagement, de solidarité, d’ingéniosité et d’innovation pour « protéger, réformer et développer » la CRUFAOCI. Il a également exprimé ses vœux de voir la CRUFAOCI se présenter comme un espace du « donner et du recevoir », à travers lequel les Institutions d’Enseignement Supérieur et de Recherche (IESR) pourront trouver des solutions aux défis auxquels elles font face. Il a surtout souhaité l’ouverture de la structure à d’autres espaces linguistiques notamment aux Universités anglophones et lusophones d’Afrique.
« La CRUFAOCI peut s’enorgueillir de compter aujourd’hui 72 Instituts d’Enseignement Supérieur et de Recherche membres issus de 21 pays (y compris l’Egypte, la Mauritanie, les Comores, l’Ile Maurice, pays non membres du CAMES). Certains pays membres du CAMES n’ont pas encore rejoint la Conférence, à l’instar de la Guinée Bissau ou de la Guinée Equatoriale, et nous devrons nous atteler à les intégrer et aussi à élargir autant que possible le spectre de nos membres. Il s’agit là d’un défi et d’un enjeu important. » Pr TSAFACK NANFOSSO

M. Vincent NDINGA, représentant de la Ministre, a affirmé que parmi les processus décisionnels mis en œuvre par nos universitaires, figure l’intelligence artificielle, pensée et créée pour favoriser la mutualisation des acquis matériels et immatériels, mais aussi l’accompagnement de l’Homme dans sa performance et son innovation.
Il a indiqué que le thème de ces travaux traduit : « un besoin pour les universités membres de s’arrimer inexorablement à la modernité, à travers un outil, une institution, un repère : la Conférence des Recteurs d’Universités Francophones, haut lieu d’échanges, de solidarité et d’excellence, pour une révolution des mentalités, dans la formation et l’apprentissage ». Au nom de la Ministre, il a souhaité pleins succès aux travaux, avant de déclarer ouverte l’Assemblée Générale de la CRUFAOCI.
Les participants à la CRUFAOCI renforcent leurs capacités sur l’Intelligence Artificielle
A la faveur de la CRUFAOCI, différents exposés et communications ont été partagés par d’éminentes personnalités du monde universitaire.
Ainsi, Pr Claude LISHOU, Directeur de l’Institut de Formation à distance de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et coordonnateur du programme Silhouette du CAMES, a fait un exposé sur le thème : « l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur : enjeux, opportunités et défis ». Pr Moussa LO, Recteur de l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE de Dakar, a délivré une communication intitulée : « L’intégration de l’Afrique dans l’IA mondiale ». Le Recteur de l’Université Virtuelle de Côte d’Ivoire, Pr Tiemoman KONE, a, quant à lui, fait une présentation sur le thème : « Quelles réponses pour ses universités ? ».

Des formations ont également permis aux participants de renforcer leurs compétences notamment sur la thématique de l’Intelligence Artificielle. Ainsi, la première journée de la rencontre a été le lieu pour Professeur Claude LISHOU, expert reconnu en la matière, de partager trois (3) formations intensives avec les participants. Ces formations ont permis d’explorer de manière pratique les multiples facettes de l’IA et son impact sur l’enseignement supérieur à travers les axes suivants :
- de nouveaux modèles pédagogiques : L’IA ouvre la voie à des approches d’apprentissage plus personnalisées et flexibles, centrées sur les besoins de chaque étudiant ;
- une collaboration homme-machine : L’IA est un outil au service des enseignants, les assistant dans leurs tâches et leur permettant de se concentrer sur l’accompagnement personnalisé des étudiants ;
- l’importance de l’éthique : Les participants ont souligné la nécessité d’une réflexion approfondie sur les enjeux éthiques liés à l’intégration de l’IA dans l’éducation ;
- l’IA au service de la recherche : Les applications de l’IA dans le domaine de la recherche ont été largement explorées, notamment la génération d’articles scientifiques, la détection de plagiat et l’analyse de données massives ;
- la gouvernance universitaire : Les participants ont discuté de la manière dont l’IA peut améliorer la prise de décision au sein des institutions universitaires grâce à des outils de reporting et de tableaux de bord.
Les formations ont été fortement appréciées par les participants qui ont souligné la qualité des présentations et la pertinence des sujets abordés. Cette session de formation, animée en marge de l’Assemblée Générale de la CRUFAOCI, marque une étape importante dans l’appropriation des enjeux de l’IA par les universités africaines.
Fortes de ces nouvelles connaissances, les institutions universitaires représentées à Brazzaville sont désormais mieux équipées pour :
- mettre en œuvre des projets d’IA : Les participants repartiront avec des idées concrètes pour intégrer l’IA dans leurs établissements ;
- former les enseignants et les étudiants : La formation continue des acteurs de l’enseignement supérieur est essentielle pour tirer pleinement parti du potentiel de l’IA ;
- collaborer : Les participants ont souligné l’importance de renforcer la collaboration entre les universités pour faire face aux défis de l’IA et partager les bonnes pratiques.
L’intelligence artificielle est une opportunité majeure pour l’enseignement supérieur en Afrique et dans l’océan indien. En s’emparant de cet enjeu, les universités de la région se positionnent à l’avant-garde de l’innovation pédagogique et scientifique.