Pour notre rubrique de mise en lumière de nos IESR, la rédaction du Lundi CAMES vous invite à découvrir l’Université Abdou Moumouni de Niamey à travers l’interview de son Recteur, Pr Moussa BARAGÉ.

Bonne lecture !

Pr Moussa BARAGÉ
Recteur de l’Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger)
Merci de vous présenter à nos lecteurs
Je suis M. BARAGÉ Moussa, Professeur Titulaire en Agronomie, Recteur et Président du Conseil de l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
Pouvez-vous nous présenter votre Université et les filières ?
L’Université Abdou Moumouni (UAM) est la plus ancienne des universités publiques du Niger, créée par la loi N°71‐31 du 6 septembre 1971 sous l’appellation de Centre d’Enseignement Supérieur (CES) de Niamey. Le centre est transformé deux ans plus tard en « Université de Niamey » par la loi N°73‐23 du 20 septembre 1973, avant de devenir en août 1992 « Université Abdou Moumouni » en hommage à un de ses illustres Enseignants-chercheurs, Professeur Abdou Moumouni, un des précurseurs de l’énergie solaire en Afrique.
L’UAM emploie en février 2025 : 441 Enseignants-chercheurs et Chercheurs, 493 agents du personnel administratif et technique (PAT). Outre ce personnel permanent, l’UAM mobilise également plus de 800 Enseignants vacataires.
Les effectifs d’étudiants ont évolué de manière significative, passant de 6.645 en 2003‐2004 à 34 053 en 2023-2024 (dont 765 doctorants), soit une multiplication par 5. Ils dépassent les 49 000 en 2024-2025 avec l’arrivée de 15 488 nouveaux bacheliers. Parmi eux, les étudiantes représentent 31,54%.
L’UAM se compose aujourd’hui de : :
- Six (6) facultés : la Faculté d’Agronomie (FA), la Faculté des Sciences et Techniques (FAST), la Faculté des Lettres et Sciences humaines (FLSH), la Faculté des Sciences de la Santé (FSS), la Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSJP), et la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG). Chacune d’elle regroupe plusieurs filières étalées sur les trois niveaux du LMD : Licence, Master et Doctorat ;
- Trois (3) Instituts de Recherche : l’Institut de Recherches en Sciences humaines (IRSH), l’Institut des Radio‐Isotopes (IRI), l’Institut de Recherche pour l’Enseignement des Mathématiques (IREM) ;
- Une (1) École normale supérieure (ENS) ;
- Trois (3) Écoles Doctorales : L’École Doctorale Sciences Exactes et Techniques (ED-SET), l’École Doctorale Sciences de la Vie et de la Terre (ED-SVT), l’École Doctorale Lettres, Arts, Sciences de l’Homme et de la Société (ED-LARSHS). À ces trois Écoles Doctorales (ED), sont rattachés 38 laboratoires et 72 équipes de Recherche pluridisciplinaires ;
- Des centres d’excellence régionaux (CRESA, WASCAL/GREEN HYDROGEN, WAC-SRT, MS4SSA, CERPP, PRO-RUWA, CEGLA).
Quelles sont les innovations et particularités implémentées par votre université ?
Parmi les innovations et particularités mises en place dans notre Institution, on peut citer entre autres :
La promotion de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés par :
- la création et le renforcement des capacités de l’incubateur de jeunes diplômés avec une cellule d’information et de relation avec les milieux socioprofessionnels et d’aide à l’insertion professionnelle ;
- l’institutionnalisation d’une formation transversale en entreprenariat dans toutes les filières ;
- la création d’une cellule de conseil/action sur l’insertion des jeunes diplômés ;
- la réalisation d’enquêtes régulières auprès des anciens diplômés de l’UAM et des milieux socio-professionnels afin d’actualiser ou d’étoffer les curricula de formation.
L’adaptation des filières de formation aux besoins réels du marché de travail par :
- l’évaluation des besoins actuels du marché de travail ;
- la révision générale et l’adaptation des curricula existants ;
- l’évaluation périodique des performances par la cellule Assurance Qualité tout en adoptant des mesures correctives, conformément aux normes académiques d’Assurance Qualité applicables aux Institutions d’Enseignement supérieur de l’espace CAMES.
La création et l’équipement d’un centre de didactique et de pédagogie universitaires afin d’assurer une bonne prise en charge de la formation pédagogique des Enseignants-chercheurs et Chercheurs.
L’identification et la conduite des thématiques de Recherche en rapport avec les priorités nationales de développement par :
- la mise en place d’un partenariat fécond avec les Institutions de l’État, chargées de coordonner les actions de développement et le secteur privé ;
- l’incitation des laboratoires à synchroniser leurs activités de Recherche avec les priorités nationales de développement.
La promotion et la valorisation des résultats de la Recherche et de l’expertise des Enseignants – chercheurs et Chercheurs à travers :
- l’institution d’une banque de données des résultats des travaux de Recherche scientifique menés à l’UAM ;
- la diffusion des résultats de la Recherche à travers l’organisation des conférences, des journées scientifiques, des colloques, des journées portes ouvertes, en mettant à profit la radio et les presses universitaires ;
- le développement des partenariats scientifiques.
Quels sont les grands défis auxquels l’UAM fait face ?
À l’instar de toutes les Institutions d’Enseignement supérieur de l’espace du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), l’UAM fait aujourd’hui face à deux principaux défis : (i) satisfaire aux besoins de développement évolutifs d’une société de plus en plus exigeante et (ii) être compétitive aux niveaux national et international. Comme vous le savez, la tendance actuelle de l’Enseignement supérieur orienté vers la compétitivité impose une ligne de conduite pour la modernisation des Institutions. Le but est d’offrir des formations de qualité répondant aux besoins de l’emploi et aux préoccupations de développement intégral de nos pays. C’est dans cette dynamique que nous comptons inscrire l’UAM en mettant à contribution toutes les composantes de la communauté universitaire.
Si vous deviez faire un bilan de l’année 2024, quelles seraient les grandes lignes à mettre en avant ?
Ce qui me réconforte du bilan de l’année 2024, c’est la normalisation des années académiques à tous les niveaux avec des taux de réussite qui avoisinent 80%. En effet, nous avons connu par le passé, des années académiques qui se chevauchaient, s’étendant dans certains cas sur près de deux années calendaires, compte tenu des flux d’étudiants qui croissent de façon vertigineuse mais aussi des difficultés dans la mise en œuvre du système LMD. En 2024, à l’UAM, on peut se réjouir aussi de la reprise du financement de la Recherche avec la relance d’une vingtaine de projets sur fonds propres compétitifs.
En termes de perspectives, quels sont les projets et grandes activités ?
En termes de perspectives, nous comptons développer des stratégies de gestion des flux d’étudiants. Pour rappel, au titre de la rentrée académique 2024 – 2025, plus de 15000 nouveaux bacheliers sont venus s’ajouter aux effectifs déjà pléthoriques de l’année antérieure. Par conséquent, nous allons non seulement agir sur le renforcement des capacités d’accueil, notamment la construction d’amphithéâtres et salles de cours multimédias mais aussi la mise en réseau intranet des amphithéâtres existants. Dans cette lancée, en plus de divers chantiers en cours, nous avons un projet de construction d’infrastructures socio-académiques de plus de 36 milliards XOF qui vient d’être lancé par le Premier Ministre de la République du Niger.
Nous comptons aussi mettre un accent particulier sur la redynamisation de la Recherche au niveau des laboratoires par l’encouragement de la transdisciplinarité et la complémentarité, la stimulation à l’élaboration et à la mise en œuvre de programmes de recherche structurants et l’accompagnement des laboratoires à répondre efficacement aux appels d’offres nationaux et internationaux.
Un dernier mot pour les lecteurs ?
Conformément à notre vision qui est celle de « faire de l’UAM, un pôle d’excellence pourvoyeur de ressources humaines de qualité et d’une Recherche scientifique contextuelle, axée sur les priorités de développement national », nous invitons toutes les composantes de la communauté universitaire à s’inscrire dans cette dynamique afin que notre Institution rayonne dans le concert des universités modernes.