Le samedi 22 avril 2023, le Programme Thématique de Recherche Langues, Sociétés, Culture et Civilisations (PTR-LSCC) a organisé une nouvelle session de son cycle de conférences mensuelles en ligne, intitulé « Les samedis du PTR-LSCC ».

Lors de cette édition, le Professeur Charles Zacharie BOWAO, de l’Université Marian Ngouabi au Congo, a animé la séance en partageant ses réflexions sur le thème de la « Production de l’universel et crise de la modernité » avec les chercheurs du PTR-LSCC et du CAMES.
La conférence, d’une durée de 2 heures et 45 minutes, a débuté par les observations du Professeur BOWAO. D’une part, il a souligné le paradoxe existentiel de l’Afrique, qui est le continent le plus riche en ressources naturelles, mais également le plus pauvre en termes de développement. Les conflits armés, notamment dans l’est de la République démocratique du Congo, où les intérêts des multinationales exacerbent une crise permanente autour du pétrole, en sont une illustration frappante. D’autre part, le conférencier a mis en lumière la rareté de la vertu comme étant au cœur des crises, où les intérêts des nations prévalent sur l’amitié. L’exemple de la pandémie de Covid-19, avec la tyrannie des masques et la géostratégie de la fabrication des vaccins, met en évidence la primauté des intérêts économiques et la prédominance du nationalisme sur le multilatéralisme.
Le Professeur BOWAO a soutenu qu’il est essentiel d’accorder une place prépondérante à l’université en tant que « haute maison du savoir » et « trésor métaphorique du savoir et de la pensée ». Dans cette perspective, il a souligné le rôle de l’université en tant que lieu de production et de reproduction de l’universel, favorisant ainsi le progrès sociétal. L’université est le creuset où l’universel s’expérimente à travers la recherche fondamentale et appliquée, tout en intégrant les avancées de la technoscience et le dialogue homme-machine. L’intégration du numérique et de l’intelligence artificielle à l’université est perçue comme un levier indispensable pour façonner l’universel et susciter une hospitalité universelle.
Le conférencier a également souligné l’éthique comme instance de questionnement de la modernité. Dans un monde où la vertu se fait rare et où l’intelligence ne bénéficie qu’à une minorité, la modernité est confrontée à une épreuve éthique. Ainsi, le Professeur BOWAO a plaidé en faveur d’une « radicalité éthique » qui transcende les intérêts particuliers et favorise le cercle vertueux de l’altérité. Il estime que l’éthique, en tant que morale des morales et au-delà des cultures, renforce l’unité du genre humain.
En conclusion, le conférencier propose de placer la vertu comme interface critique pour repenser l’universel en dépassant les idéologies qui engendrent l’intolérance et la violence. Face à une mondialisation économique et financière marquée par une « immoralité triomphante », la modernité doit être appréhendée comme la capacité à réinventer l’homme, le temps et à embrasser l’inconnu. Dans cette perspective, l’université, en tant que lieu de fabrication de l’universel et des élites, a pour mission de promouvoir la « geste éthique » afin de préserver l’unité du genre humain et l’hospitalité universelle.
Les samedis du PTR-LSCC continuent ainsi d’être un espace de réflexion et d’échange précieux, permettant aux chercheurs de se pencher sur des thématiques essentielles pour la société contemporaine. Le Professeur Charles Zacharie BOWAO a brillamment contribué à cette série de conférences en apportant des réflexions éclairantes sur la production de l’universel et les défis éthiques de la modernité.